Top musical 2023

Une sélection des coups de cœur musicaux des bibliothécaires des Champs Libres pour le traditionnel top de l’année écoulée :


Carnaval / Lucie Antunes, InFiné.

« Batteuse et percussionniste de formation classique et contemporaine, Lucie Antunes s’inspire également des pionniers du minimalisme et travaille avec le désir de créer de nouveaux horizons sonores. Après le conservatoire, la jeune artiste se tourne en 2013 vers la musique pop et se retrouve propulsée au centre de la scène aux côtés de Moodoïd, Aquaserge, Yuksek et Susheela Raman. La compositrice française Lucie Antunes élargit ses horizons sonores avec son second album « Carnaval ». Après le succès critique retentissant de « Sergei » en 2019, la batteuse et percussionniste de formation classique née à Perpignan sort un deuxième opus bouillonnant, orienté électro et taillé pour le dancefloor. Pour la première fois, Lucie Antunes manipule la voix humaine. Elle s’est inspirée en partie de la compositrice américaine Meredith Monk en utilisant sa voix comme un instrument percussif, qui transmet alors le sens par des phrases et phonèmes non verbaux. « Carnaval » est plus coquet, plus curieux et plus créatif que tout ce qu’elle a fait jusqu’à présent, imprégnant l’auditeur de l’espièglerie cérébrale de Laurie Anderson sur « It’s Amazing » – un morceau d’ouverture qui fait plus que remplir la promesse de son titre. »


Fooler / Nick Waterhouse, Pres Records.


À 2 à 3 / Vianney, Tôt ou tard.

Après les succès singles de Call on me (en duo avec Ed Sheeran), Keep it simple (en duo avec Mika), Le feu (en duo avec Kendji Girac) et Comment on fait (en duo avec Zazie), ce plaisir de la création musicale entre artistes qui s’apprécient a tissé son chemin et Vianney sort un nouvel album de 19 titres pour compléter cette collaboration avec 17 artistes différents (Renaud, Bigflo & Oli, Mentissa, Soprano…). Co-écrits et composés ensemble, À 2 à 3 est un album caméléon qui reflète les goûts éclectiques de Vianney et son amour pour la grande variété pop ainsi que les artistes qui l’incarnent. Avec Zazie, Ben Mazué, Kendji Girac & Soprano, Bigflo & Oli, Mc Solaar, Renaud, Ed Sheeran, Janie, Mika, Jean-Louis Aubert, Mentissa, Florent Pagny, Charlie Winston, Aiden, Eric Devillers.


Javelin / Sufjan Stevens, Asthmatic Kitty.

Le nouvel album de Sufjan Stevens, Javelin, son premier album de chansons solo depuis The Ascension en 2020 et son premier en mode chanteur/songwriter depuis Carrie & Lowell en 2015, fait plus que jamais le lien entre toutes ces approches. Chaque chanson de Javelin commence modestement. Le ruissellement d’une guitare acoustique, le tapotement d’un piano fermé, la cascade d’un arpège éclatant. Ces petits sons sont des appels à la confession, des invitations envoyées à des confidents. Et puis, bien sûr, il y a cette voix désarmante, un fil rouge à travers l’une des carrières les plus fascinantes des auteurs-compositeurs de ce siècle – douce mais forte, comme si les scènes de douleur et d’espoir qu’elle s’apprête à partager n’avaient fait que la galvaniser au fil des décennies. Javelin associe l’ampleur musicale à l’étendue émotionnelle, une vie entière de sentiments étant tissée non seulement dans ces 42 minutes, mais aussi dans chaque chanson. La construction du monde émotionnel de Sufjan imprègne chaque recoin de Javelin, en particulier le livre d’art et d’essais de 48 pages qui accompagne l’album. Au milieu, dix courts essais de Stevens, drôles, tragiques, poignants ou obtus, offrent un aperçu des amours et des pertes qui l’ont façonné et qui ont façonné ces chansons. Sur Javelin, Sufjan, tel que vous le connaissez peut-être le mieux, est de retour : il offre des petits aperçus magnifiques et douloureux de lui-même, afin que nous puissions nous voir nous-mêmes plus complètement.


The Chopin project : trilogy / Camille Thomas, Decca Records.


Radical romantics / Fever Ray, Rabids Records.


False lankum / Lankum, Rough Trade.

De retour après 3 ans, le groupe irlandais Lankum revient avec une vision psychédélique approfondie de la musique folk, canalisant un ensemble d’influences et d’histoires pour créer un son rare. Encensés pour leurs performances live, Ian Lynch (uillean pipes, tin whistle, chant), Daragh Lynch (chant, guitare), Cormac Mac Diarmada (violon) et Radie Peat (harmonium, accordéon, chant) jouent à l’unisson à l’instar d’un organisme vivant, et créent avec ‘False Lankum‘ un objet obsédant tissant ensemble ambient, folk, trad et noise dans un tourbillon sombre et intense.


An ever changing view / Matthew Halsall, Gondwana Records.

Le trompettiste, chef d’orchestre et compositeur Matthew Halsall annonce la sortie de son nouvel album An Ever Changing View, un projet de grande envergure, conçu avec soin, qui présente le mélange caractéristique de Halsall de jazz, d’électronique et d’influences de jazz mondial et spirituel. Halsall, qui a été salué comme l’une des figures de proue de la renaissance du jazz au Royaume-Uni, ne s’est jamais considéré comme faisant partie d’un son ou d’une scène en particulier : il construit plutôt son propre univers sonore. Avec An Ever Changing View, il atteint son niveau d’expérimentation le plus élevé, élargissant une fois de plus son son et ses techniques de production pour créer sa marque unique de musique profondément méditative.


We dust / Trunks, Trunks.

À les croire, les membres de Trunks se réunissent juste parce qu’ils se manquent. Un groupe ? Un collectif ? Au départ, un défi du jardin moderne pour fêter ses 5 ans : créer un groupe éphémère. Trunks a tellement le sens de l’éphémère qu’il est toujours là, vingt ans plus tard. A la sensibilité à fleur de peau de Lætitia, au duo de guitaristes en forme de pile, Fromentin Lesthète et Marzano l’expressionniste, à la batterie-monde de Régïs Boulard ne manquait plus que le saxophone inlassable de Daniel Paboeuf, venu nous dit-on pour faire plus de bruit – mon œil ! tous jettent un voile pudique sur leur sophistication et leur exigence. Trunks est d’abord une histoire de respect et d’amitié. Cinq personnages en quête, non d’un auteur comme dirait l’autre, mais d’une émotion nouvelle, qui n’adviendrait que lorsqu’ils sont ensemble. Une liberté conquise à plusieurs. Une problématique: comment faire, au-delà des mots et de leurs déclarations d’intention, pour trouver la combinaison qui met les poils au garde-à-vous ? La musique est nette comme une chaîne de montagne effilant l’horizon, faite de contrastes, de reliefs, de flux, de montées et de tensions, parfois extrêmes. Un processus tectonique qui sédimente avant de se hérisser, en quête d’une dynamique où plus rien ne s’entend d’autre que l’intensité, la beauté, l’adrénaline et le vertige. La musique de Trunks se trace à la façon du sismographe, comme le cardioscope de l’écriture beat – le choix de textes de Kerouac pour habiller le premier album ne devant rien au hasard. Narrative, quelque chose s’y raconte, mais c’est pas le club des cinq: l’histoire ici ne se paye pas de mots et à la fin, il n’y a pas de coupable. Évidemment, ça n’a pas de nom, et ni le mot noise, ni jazz, ni rock, ni pop ne parviennent à tracer l’abscisse ou l’ordonnée d’une frontière. Alors qu’est-ce que cela veut dire? Rimbaud, poète beat, répondait à sa mère: ce que ça dit, littéralement, et dans tous les sens. Il n’avait jamais lu aucun épisode du club des cinq.


Les Eaux célestes / Camille Pépin, NoMadMusic.

L’orchestre national de Lyon signe avec cet album une première monographie consacrée à Camille Pépin, figure incontournable de la scène musicale contemporaine. Fruit d’une riche exploration sur les couleurs et les espaces célestes, cet album dévoile 5 œuvres aux formations différentes, de l’orchestre de chambre au grand orchestre. Modes de jeux inédits chez la compositrice et instrumentarium aux timbres éthérés nous plongent au cœur de phénomènes aériens et de légendes cosmiques.


Tracey denim / Bar Italia, Beggars Banquet.

Le trio londonien Bar italia sort son nouvel album, le très attendu « Tracey Denim« . Après deux albums (sortis sur le label de Dean Blunt World Music), un EP et plusieurs singles de rock expérimental infusé aux 90s, le mystérieux trio Bar italia (formé par Nina Cristante, Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton) s’est peu à peu fait un nom sur la très prolifique scène underground londonienne, nourrissant un profil aux contours flous, laissant les imaginations aller bon train. « Tracey Denim » marque aussi la signature du groupe sur le label américain Matador.


12 / Ryuichi Sakamoto, KAB America.

Milan Records publie 12, une collection intime de douze compositions de Ryuichi Sakamoto, écrites et enregistrées à Tokyo pendant son combat contre le cancer tout au long de 2021-2022. Chaque titre numéroté fait référence à sa date d’enregistrement. À propos de l’album, Sakamoto déclare : « …après être finalement « rentré chez moi » dans mon nouveau logement temporaire après une grosse opération, je me suis retrouvé à tendre la main vers le synthétiseur. Je n’avais pas l’intention de composer quelque chose ; je voulais simplement être inondé de sons. Je vais probablement continuer à tenir ce genre de ‘journal’. »


Capricorn / Eddie 9V, Ruf Records.


Il viaggio / Mélanie De Biasio, Le Label.

Quand la magie de Melanie De Biasio nous transporte à nouveau… Il Viaggio pour le voyage en italien, est le nouvel album de Melanie De Biasio. Une voix feutrée et sensuelle qui fait l’originalité de son chant, des mélodies apaisantes, un écrin de douceur, une expérience sensorielle totale : tout ce qui fait de Melanie De Biasio une artiste à part est dans ce magnifique nouvel album, enregistré entre l’Italie de ses ancêtres et sa Belgique natale. Pensé comme un voyage sonore, Il Viaggio représente la quête d’un renouveau musical et Mélanie De Biasio, prenant la route pour se réinventer, nous invite à la rejoindre dans une quiétude exaltante.


Black Bayou / Robert Finley, Easy Eye Sound.


Billy Valentine and the universal truth / Billy Valentine, Acid Jazz Records.

Comme ça, si on vous dit Billy Valentine, vous allez beau chercher dans votre mémoire, ça ne va pas vous sauter immédiatement à l’esprit. Et pourtant, vous connaissez forcément son travail puisqu’il a collaboré avec les plus grands. Il figure en effet aux crédits d’un nombre incroyable de chansons culte de la soul music dont des titres pour Ray Charles, Neville Brothers, Burt Bacharach ou Simply Red (« money to tight to mention »… c’est lui ). Et aux côtés de musiciens chevronnés comme James Gadson, Pino Palladino, Larry Goldings, Jeff Parker et Theo Crocker, il se lance pour la première fois en solo avec l’album « Billy Valentine And The Universal Truth » qui sortira le 23 mars prochain sur le label Acid Jazz qui vient de le signer et le présente comme « la plus belle voix soul actuelle »


Soul tropical / David Walters, Heavenly Sweetness.


Racing the storm / Emiliana Torríni, Bella Union.

Ce qui ressort le plus du nouvel album Racing the Storm, c’est le lien fort qui unit la chanteuse italienne au collectif belge. Kobe et Aarich de The Colorist Orchestra ne manquent pas de souligner que, si Racing the Storm est bien l’œuvre d’une collaboration, Emiliana a endossé le rôle de leadeuse et que ses paroles et sa performance vocale sont inhérentes au son de l’album. Bien qu’issus de milieux quelque peu différents, Emiliana a connu le succès dans les hit-parades tout en suivant une formation classique à l’opéra ; Kobe a été élevé dans la campagne belge avant d’emmener son univers et ses études classiques à Cuba et Aarich est un authentique batteur autodidacte, c’est comme si tous les trois avaient trouvé un espace commun spécial, où les règles du monde extérieur ne s’appliquaient tout simplement pas.


Connection / Marc Ribot’s Ceramic Dog, Yellowbird Records.

Free, Punk, Funk, Experimental, Psychédélique, Post-électronique. Le guitariste, qui a joué aussi bien avec Tom Waits et Marianne Faithfull, que John Zorn, Alain Bashung et Diana Krall, revient avec son trio Ceramic Dog. Avec Connection, leur cinquième album studio, les Ceramic Dog de Marc Ribot ont poussé jusqu’au point de rupture la tension qu’ils entretiennent depuis longtemps entre la chanson pop traditionnelle et la musique d’improvisation d’avant-garde, en associant à leur approche habituelle et agnostique des éléments de glam boogie, de disco minimaliste, de boogaloo psychédélique, de garage-punk-against-the-machine agitprop, et bien d’autres choses encore. « La légende de la guitare sort un album d’exception. » — Les InRocks — .« Un véritable uppercut musical. » —Jazz News —.


Chronicles of a diamond / Black Pumas, ATO Records.

Le retour triomphant des nouveaux maîtres de la soul internationale ! L’incroyable duo d’Austin Black Pumas avait marqué les esprits en 2019 avec son premier album éponyme, un véritable concentré de soul psychédélique et électrique qui les avait rapidement propulsés aux sommets ; une ascension fulgurante avec 7 nominations aux Grammy Awards, plus de 450M de streams pour le désormais classique ‘Colors‘ ainsi que des tournées mondiales à guichets fermés. Ils sont enfin de retour avec un deuxième album : Chronicles of a diamond. Le groupe y élargit sa palette sonore en incorporant une étendue éblouissante de genres musicaux : des touches de pop céleste, des excursions étonnantes dans le jazz-funk ainsi que des balades gospel aériennes semblant tomber des étoiles. Encore plus sauvage et extravagant, Chronicles of a diamond est l’expression la plus complète de la créativité frénétique et de la vision illimitée d’Eric Burton et Adrian Quesada.


Simplement Sheller / William Sheller, Barclay.


An Indian’s life / Henri Texier, Label Bleu.

L’Indien des Batignolles. En titrant de manière explicite son nouvel album An Indians Life, le contrebassiste et compositeur Henri Texier vient clôturer en beauté une sorte de triptyque phonographique informel – débuté en 1993 avec An Indians Week et poursuivi en 2016 avec Sky Dancers – faisant de la cause amérindienne et, au-delà, de la figure quasi-mythologique de l’Indien, à la fois la matrice imaginaire et le moteur poétique de son geste artistique. Un modèle identificatoire. Ce n’est un mystère pour quiconque suit un tant soit peu sa carrière, Henri Texier voue un intérêt tout sauf dilettante et anecdotique à l’univers des Native Americans. C’est une passion qui remonte à l’enfance, explique-t-il, un truc très intime mais assez peu réfléchi qui me reconnecte au petit Parigot des Batignolles que j’étais dans les années 50, qui adorait jouer aux cowboys et aux Indiens et qui immanquablement choisissait le camp des Indiens quand les autres étaient attirés par le revolver en plastique et la panoplie du cowboy… De façon très confuse, le Paris ouvrier et populaire de mon enfance, les Indiens, l’élégance, la liberté – tout ça est intimement lié dans mon imaginaire… Par la suite j’ai bien entendu introduit le jazz dans le cocktail… J’ai fait le lien entre le génocide des Amérindiens et l’oppression subie par les Afro-américains et je me suis identifié à cette part maudite de l’Amérique à travers le jazz… C’est un processus assez complexe en fait, beaucoup plus intime qu’esthétique, et qui n’a pas d’autre lien qu’imaginaire avec la musique. – – LA VOIX DES AUTRES. Car si au final Henri Texier peut se prévaloir dans ce nouveau disque de parvenir une fois encore à entrer en résonance avec la psyché amérindienne, c’est incontestablement dans ce rapport vivant à la mémoire, aux ancêtres, à la tradition, que sa musique (re)met en jeu chaque fois de façon si sensible. De ses amis Carla Bley et Steve Swallow à la figure tutélaire de Charles Mingus, honorés chacun d’une composition, en passant par Don Cherry ou encore Paul Motian, dont les influences maintes fois réaffirmées ne cessent d’affleurer ici et là comme autant de marques d’amour et de respect, Henri Texier n’oublie jamais de rappeler d’où il vient, faisant de sa musique foncièrement accueillante un espace de dialogue entre les traditions et les générations et de reconnaissance de l’autre dans toutes ses différences. Henri Texier ne sera jamais un Indien, il le sait, tout comme il ne sera jamais Charles Mingus – mais l’un et l’autre se rencontrent dans sa musique et c’est tout son génie que de faire entendre sa voix la plus intime à travers ce dialogue imaginaire.


IV/III / Bruit Noir, Ici d’ailleurs…


Selva / Marta del Grandi, Fire Records.

La chanteuse et compositrice italienne Marta Del Grandi revient avec son nouvel album Selva. Ce dernier a été principalement écrit sur la route et à Berlin et, lorsque le moment d’enregistrer est venu, Marta s’est tournée vers ses vieux terrains de prédilection à Gand (Belgique). Coproduites par Bert Vliegen (Sophia, Whispering Sons) et réunissant un quatuor de musiciens qui collaborent avec Marta depuis 2015, les sessions ont donné lieu à une avalanche d’idées créatives et à l’une des expériences les plus détendues jamais vécues par l’artiste, des conditions parfaites pour son épanouissement en tant qu’auteure-compositrice-interprète. Des faisceaux de lumière imprègnent chaque morceau de l’album de Marta Del Grandi. Des drones vocaux se superposent créant une collision cathartique de textures douces et nettes, comme pour nous guider main dans la main à travers l’univers de l’artiste italienne. Ce projet est d’une ambition aveuglante, et le résultat est là pour le prouver : 12 chansons de pop éthérée et tentaculaire, vivante, immense et parfaitement illuminée. L’album est une succession astucieuse de morceaux pop raffinés qui se déploient sans effort, alliant complexité émotionnelle, arrangements organiques divins et final de science-fiction. Elle s’affiche avec l’ambition d’offrir un tout nouvel univers, son propre écosystème, où la force de sa voix seule est le pilier sur lequel s’appuyer.


Hindsight Is 50/50 / Ghostwoman, Full Time Hobby.

Les Ghost Woman sont de retour avec leur troisième album Hindsight Is 50/50 ! Bien que Hindsight Is 50/50 soit le troisième album de Ghost Woman en 18 mois, le compositeur et multi-instrumentiste Evan Uschenko estime qu’il s’agit du premier album qui « capture enfin la vraie nature du groupe ». Enregistré principalement en live en trois jours dans les studios analogiques Kerwax en Bretagne par Christophe Chavanon (The Good Damn), il y a une confiance et une assurance qui semblent s’appuyer sur le premier album éponyme de 2022 et son successeur Anne, If. Dans l’ensemble, l’album est plus sombre et plus dense que les précédents, mais le son et l’ambiance de cet album sont plus proches de ce que le projet était censé être lorsqu’il a été lancé en 2016, réalisant enfin la vision créative de Ghost Woman. Les voix sont trempées dans la réverbération et le sens est souvent suggéré plutôt qu’explicite. Les guitares sont plus lourdes et les voix sont moins facilement discernables, mais Uschenko estime que  » les voix ne sont pas importantes. Nous préférons ne pas être compris ».


Come around and love me / Jalen Ngonda, Daptone Records.

Des artistes comme Jalen Ngonda n’apparaissent qu’une fois dans une vie, c’est pourquoi Daptone a le privilège et le plaisir d’annoncer la sortie de son premier album Come Around and Love Me. Tous ceux qui ont eu le plaisir de voir Jalen en concert savent qu’il est l’un des artistes les plus captivants de la scène soul actuelle. Sa voix, faite à la fois de sentiments bruts et d’élégance, dégage confiance et charme, désarmant les salles de concert bondées de spectateurs turbulents, les laissant silencieux et accrochés à chaque syllabe. Jalen s’est finalement rendu aux Hive Mind Studios à Brooklyn, où il a commencé à écrire et à enregistrer avec l’aide des producteurs/arrangeurs Mike Buckley et Vincent Chiarito (tous deux membres des Extraordinaires de Charles Bradley) et d’une équipe de musiciens de premier plan issus de la famille Daptone. L’équipe mélange habilement des arrangements intenses et des paroles introspectives avec une sophistication motown. Jalen écrit des chansons depuis l’âge de 14 ans, et ses compositions sont toujours très actuelles. Il décrit sa musique comme de la soul moderne et du R&B, qui essaie d’intégrer les Beach Boys et les Beatles quelque part entre les deux. Come Around and Love Me révèle comment il crée une approche classique enracinée dans les sons de pionniers adorés, sans tomber dans l’imitation – ne laissant aucun doute sur le fait que Jalen continuera à briller dans la tradition musicale intemporelle qui est la marque de fabrique de Daptone.


Hula hoop / Limousine, Ekler’O’Shock.

Limousine, composé de Laurent Bardainne (Tigre d’Eau Douce, Rigolus, Poni Hoax, LOST…), David Aknin, Maxime Delpierre et Frédéric Soulard, retrouve ce terrain d’expérimentation où se conjuguent simplicité des compositions, boucles lancinantes et sentiment du relâchement, mais dorénavant des voix viennent habiller leurs morceaux et propulser le véhicule dans une dimension nouvelle. Un casting qui alterne figures iconoclastes et jeunes espoirs pour une virée certifiée Grand Tourisme : Malik Djoudi, Amber Burgoyne, Lucas Santtana, Victor Solf et Akhenaton prennent place dans cette nouvelle aventure. Rappeur, chanteurs ou chanteuse, ces cinq interprètes se glissent naturellement dans les sapes de Limousine, comme si chacun des morceaux avait été spécialement taillé pour eux. Balade tropicaliste pour le Brésilien Lucas Santtana, aparté hip hop en compagnie d’AKH, nocturne soulful et intimiste avec la révélation from Brighton Amber Burgoyne ou déambulation mélancolique avec Malik Djoudi, Limousine rassemble à dessein une belle internationale à la française. Pour la suite, le quartet garde sa ligne de conduite iconoclaste et confirme sa capacité à créer des thèmes en apesanteur.


Massages for piano / Arnaud Roulin, Lying Lions Production.

« Arnaud Roulin est un pianiste unique !  » — Jazz Magazine —. Du piano, on connaissait les sonates, préludes, nocturnes et autres Gymnopédies. Il existe désormais aussi les ‘Massages’ d’Arnaud Roulin. Figure discrète mais majeure de la scène musicale indépendante, Arnaud Roulin est le pianiste favori de vos artistes favoris. Après avoir tâté toutes sortes de claviers, de l’orgue liturgique aux synthétiseurs discoïdes, avec Poni Hoax ou dans les projets de Laurent Bardainne et Thomas de Pourquery, aux côtés de Catherine Ringer , Sébastien Tellier, Camélia Jordana ou Jeanne Added, il se coltine aujourd’hui cordes et marteaux de la manière la plus intrépide : le solo. Son premier album, ‘Massages for Piano‘, réalise la décoction de sa vie de musicien dont les héros sont Miles et Wagner, de pianiste inspiré par Nina Simone et Oscar Peterson, de compositeur influencé par Satie et Jobim. quoi s’ajoute une réflexion sur la texture du son lui-même, dans les entrailles de l’instrument. Sa plume est si singulière que sa musique parvient à réunir dans un seul son le piano classique, le piano solo jazz et l’easy listening. On y entend Frédéric Chopin, Erik Satie, Nina Simone, Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou. Écouter Arnaud Roulin est une promenade en forêt, un délicieux et doux massage du tympan, apologie de la lenteur et de la tendresse.


Les gens passent, le temps reste / Glauque, Ecluse.


Permanent damage / Joesef, Awal Recordings.


À moi la liberté : early electronic raï : Algérie 1983-90, / Hindi, Tchier Abdelghani, Chaba Malika Meddah…, Born Bad Records.

Plongeant au plus profond du raï, cette compilation se veut un hommage à ses années folles, mais aussi un rajeunissement du genre dans sa version sulfureuse et souterraine. Au cours des années pré- et post-indépendance, de 1950 à 1970, le raï s’est urbanisé, avec une génération écoutant les sons traditionnels, mais aussi et surtout du twist, de la variété française et du rock .


Everything harmony / The Lemon Twigs, Captured Tracks Records.


Comment rester propre ? / La Rumeur, Urban.

La Rumeur célèbre son grand retour sur disque… avant un nouveau film. C’est le grand retour du groupe de rap le plus censuré de France ! La Rumeur, groupe emblématique du rap français authentique et engagé, très actif dans le cinéma au cours de la dernière décennie, sort son cinquième album  » Comment rester propre ?  » 8 ans après leur dernier projet sur disque, et alors que leur nouveau film « Rue des Dames » devrait sortir à la rentrée, Hamé, Ekoué et Le Bavar reprennent la plume pour faire un nouvel état des lieux, exhaustif et corrosif. À l’image de leurs deux clips très puissants, produits et réalisés par La Rumeur Filme, l’ambition d’apporter une contradiction et une réflexion en musique demeure intacte et salutaire. C’est désormais clair et officiel: La Rumeur va faire du bruit en 2023 ! Avec les participations d’Ali, La Hyène et Frero.


Black classical music / Yussef Dayes, Brownswood Recordings.

Le multi-instrumentiste et artiste visionnaire Yussef Dayes s’apprête à sortir son très attendu premier album studio solo Black Classical Music, le 8 septembre 2023. Black Classical Music est un album de 19 titres qui emmène les auditeurs dans le passé et le présent de l’artiste exalté, tout en explorant les thèmes du foyer et de la famille. L’album s’inspire de ses héros musicaux Miles Davis & Rahsaan Roland Kirk et des nombreux voyages de Yussef autour du globe qui lui ont permis d’approfondir son étude du rythme. Sur Black Classical Music, on retrouve Chronixx, Jamilah Barry, Tom Misch, Shabaka Hutchings, Miles James, Sheila Maurice Grey, Nathaniel Cross, Theon Cross et l’orchestre Chineke ! Orchestra, ainsi que Venna, Rocco Palladino, Charlie Stacey et Elijah Fox.


I inside the old year dying / PJ Harvey, Partisan Records.

PJ Harvey est de retour après sept longues années ! Le dixième album studio de PJ Harvey, « I Inside the Old Year Dying« , marque sa première sortie depuis 2016, après l’album n°1 au Royaume-Uni « The Hope Six Demolition Project ». Sur cet album, qui a été enregistré avec ses collaborateurs de longue date John Parish et Flood, PJ Harvey construit un univers sonore situé dans un espace entre les contraires de la vie, l’histoire récente et le passé ancien. Parsemées d’images bibliques et de références à Shakespeare, toutes ces distinctions finissent par se dissoudre dans quelque chose de profondément édifiant et rédempteur.


When the poems do what they do / Aja Monet, Drink Sum Wtr.


A symphonic celebration : music from the Studio Ghibli films of Hayao Miyazaki / Joe Hisaishi, Deutsche Grammophon.

Enregistré à Londres avec le Royal Philharmonic Orchestra et dirigé par Joe Hisaishi lui même, « A Symphonic Celebration » réunit sur le même album les plus beaux morceaux des films d’animation des studios Ghibli, nouvellement arrangés par le compositeur pour orchestre symphonique, dont Le Château Ambulant, Mon voisin Totoro, Le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké, Kiki la petite sorcière et bien d’autres.